Entrevue avec Cyril Moreau
— Éminence

Entrevue avec Cyril Moreau

« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès »

–  Nelson Mandela

 

 

 

 

Confidences d'un recruteur sur sa marque personnelle

 

Pour un chasseur de tête, travailler sa marque personnelle ne peut pas être qu’un passe-temps. C’est une discipline quotidienne au cœur de l’exercice de la profession. La qualité du réseau et de la réputation, voilà deux éléments décisifs dans le succès de tout chasseur de tête.

Avec plus de 35 000 contacts Linkedin, Cyril Moreau est devenu un incontournable du recrutement en technologie de l’information (T.I) à Montréal. Pourtant, il ne connaissait encore personne lorsqu’il a décidé de poser ses valises au Québec il y à 7 ans. Rencontre avec un recruteur d’exception passé maître dans l’art du réseautage.

Entrevue réalisée par Renaud Margairaz le 22 août 2016 à Montréal

 
RM : Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t’as donné envie de choisir cette profession ?
 

CM : « J’ai commencé mon parcours comme développeur. Pourtant, je me suis rapidement rendu compte que je préférais les interactions avec les humains plutôt qu’avec les machines. En avril 2011, j’ai décroché un stage de fin d’étude dans une agence web de Montréal en tant que community manager.

Au terme de ce stage, mon chemin a croisé celui de Nathalie Carrénard, experte en recrutement. Lors d’un café, je lui ai demandé de me décrire le travail d’un chasseur de tête. Ce qui m’a impressionné, c’était le nombre d’appels et de courriels qu’elle a reçu le temps de notre rencontre, sans compter toutes les personnes qui la reconnaissait dans la rue.

Je me souviens de lui avoir dit « j’aimerais ça, être aussi populaire que toi ».

Avec ses encouragements et après avoir reçu ses conseils, j’ai adapté mon CV et l’ai envoyé à une cinquantaine d’agences de recrutement à Montréal. Peu de temps après, je signais mon premier contrat comme recruteur au sein de KinEssor, l’aventure venait de démarrer. »

 

RM : Un classement montréalais t’a récemment placé comme l'un des recruteurs au plus large réseau sur Linkedin. Ce n’est pas quelque chose que l’on obtient du jour au lendemain, comment t’y es-tu pris ?

 

CM : « Lors de mon entretien d’embauche, je me souviens avoir dit ceci : « engagez-moi et je vous garantis que dans moins de 3 ans, je serai le numéro 1 ». Avec le recul, j’avoue que le concept d’être numéro 1 était assez abstrait, mais l’affirmer m’a poussé à me dépasser pour devenir le meilleur au Québec.

Mon premier réflexe a été d’étendre par tous les moyens mon réseau de développeurs. Pour être numéro 1, je devais détenir et entretenir le meilleur bassin de candidats potentiels pour être en mesure de répondre à n'importe quel besoin de la part de mes clients.

J’ai très vite réalisé que maîtriser Linkedin pouvait me donner un avantage concurrentiel certain sur le marché. J’ai commencé à mesurer le nombre de connexions de mes concurrents dans l’industrie, et à me fixer des objectifs supérieurs. Plus tu te dépasses et plus les résultats sont là. Me fixer des objectifs très ambitieux m’a beaucoup aidé pour maintenir une rigueur dans mon développement.

La première année a été très intense pour moi. Dès que j’en avais l’occasion, je me déplaçais à un évènement de réseautage (idéalement ceux où je ne connaissais personne dans la liste des inscrits) ou j’entrais en contact avec des candidats potentiels sur Linkedin. Après ma première année, j’ai franchi le cap des 10 000 connexions. J’ai maintenu cet effort tout au long de ma carrière et j’ai récemment dû ouvrir un second compte Linkedin car j’avais atteint la limite des 30 000 connexions.

Petite anecdote : alors que je prenais deux semaines de vacances bien méritées, Linkedin a appelé mon entreprise pour savoir si un problème était survenu avec nos comptes suite à la chute de l'activité. »

 

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RM: Quelle est l’importance du personal branding pour un recruteur et quels sont selon toi les éléments distinctifs de ta propre marque personnelle ?

 

CM : « Je pense qu’un recruteur n’a pas d'autre choix que de bâtir sa marque pour réussir.

La notion d’agent de talent est en plein essor : ce sont ceux qui vont gérer ta carrière, qui vont aller chercher ton prochain mandat, de meilleures conditions. Pour cela, le branding du recruteur est très important et je suis convaincu que cette tendance va être amenée à se développer dans l’avenir.

Pour ma part, cela n’a pas été une démarche consciente et planifiée, je me suis contenté de rester moi-même : quelqu’un de franc, d’authentique, d’honnête et d’assez direct. Ces aspects se retrouvent dans l’ensemble des interactions que j’entretiens avec mon entourage : je rappelle toujours les candidats non sélectionnés pour leur donner un feedback, je donne toujours le meilleur de moi-même et ne fais pas perdre de temps à mes clients si je ne dispose pas du profil recherché.

J’essaie d’être utile à ma communauté, que cela soit par l’organisation d’évènements de réseautage pour développeurs ou par le partage fréquent d’informations pertinentes sur mes réseaux sociaux (évènements à ne pas rater, tendances de l’industrie, postes à pourvoir, etc.). Linkedin est un outil puissant lorsqu’on l’utilise de manière professionnelle, sans poster des énigmes mathématiques, des citations inspirantes ou des images stéréotypées de « boss VS leader ».

J’ai beau avoir plus de 120 recommandations sur Linkedin, ce qui est vraiment important c’est ce que les gens disent de vous quand vous n’êtes pas là. Rester honnête et fidèle à soi-même paye sur le long terme. Comme l’a dit Warren Buffett « « Il faut 20 ans pour construire une réputation et cinq minutes pour la détruire ». Gérer sa réputation est un travail de tous les jours. »

 

RM: Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se faire remarquer par les recruteurs ?

 

CM : « N’attendez pas d’être en recherche d’emploi pour développer votre marque personnelle. Faites-vous remarquer en agissant comme un acteur dynamique de votre communauté, en mettant en avant vos réalisations et vos forces, en soignant votre réputation en ligne. Cela dit, le numérique ne fait pas tout. Veillez à rencontrer des gens physiquement et à entretenir votre réseau de manière continue.

Ce que j’observe, c’est que les développeurs qui parviennent à acquérir une certaine notoriété n’ont jamais le souci de chercher un travail, on vient les chercher constamment pour leur offrir les meilleurs postes. Ce n’est pas lorsque l’on vient de perdre un emploi qu’il faut commencer à travailler son personal branding. Avant nous étions à 6 degrés de séparation de n’importe qui, aujourd’hui nous sommes à 1 clic.  »

 

Cyril Moreau est fondateur de Go Rock It, agence de gestion de talents basée à Montréal.

Pour entrer en contact :
  • Site web
  • Twitter: @cyrilmoreau
  • Linkedin
 

 

Crédit photo : Photo Albert Zablit / www.albertzablit.com

 

 

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