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Compte-rendu

New York, jour 1: Hipsters everywhere

Départ ce matin, pour New York. On dit parfois, pour "faire beau", qu'ils quittèrent à l'aube, mais le cas échéant, cela n'est pas tout à fait vrai. En fait, il vaudrait mieux dire, "cette nuit nous partîmes": à cinq heures tapantes, la nuit noire et passeports en main, vers la pomme et sa grand'messe publicitaire. 

 

 

Premier arrêt à l'un de ces points d'ancrage célébrant notre nord-américanité, un McDonald's où on trouve du wifi, des patates brunes et une table pour installer nos cartes sims. Six minutes en sol américain et nous voilà déjà pleinement branchés pour le reste du voyage. 

 

 

La route est, comme toujours à cette heure, sans histoires. L'arrivée se déroule bien, check-in sans ambages dans un hôtel, installé dans un immeuble magnifique là où Queens rencontre Brooklyn. On n'est pas au W, mais on assume pleinement nos choix pour cette première nuit impromptue. Le weekend sera plein de découvertes fabuleuses. 

 

 

La balade dans le quartier débute étrangement. Les rues sont plutôt silencieuses, le quartier constitué d'anciennes fabriques et d'immeubles industriels, est plutôt désert. On prend un taxi, on file vite en bordure, à Queens, au MoMA PS1 – le Museum of Modern Art ayant intégré le PS1 Contemporary Art Center – un espace d'exposition dédié au design, à l'architecture et à l'art urbain… 

 

 

La horde de hipsters que nous attendions là-bas, nous la retrouvons ici. Par centaines. Une foule. Tous différents. Tous, un peu, identiques. C'est le New York qu'on connaît – dense, intense, bruyant – en version lunettes carrées et pulls de laine. Dans la cour intérieure, la musique est insupportable. Une série informe de bruits étranges. Tout le monde porte un accessoire différenciant. À force de différence, on ne voit que du bruit. Un festival de barniques roses, de chemises rétros, de couleurs dépareillées, de tote bags en jute.

 

 

Le restaurant du musée, le M. Wells Dinette, a été cédé en concession au québécois Hugues Dufour après que son expérience brooklynoise initiale lui ait été interdite par l'avarice d'un propriétaire sans scrupules.  Only in America, pourrait-on dire. Au coeur de la cuisine du M. Wells, sur le mur du fond, un immense portrait de René Lévesque trône sur la salle à dîner. On boit de la Blue Point. Comme de la Blue Ribbon, mais en plus postmoderne encore. C'est pas mauvais. Il y a trop de lumière. Trop de musique informe, amalgames exploratoires de sons. Trop de bruit, d'interférence à la pensée. On bouge.

 

 

À quelques coins de rue de là – quelques dizaines de vélos à pignon-fixe plus tard – nous nous posons dans l'un de ces cafés typiques du Lower East Side de New York, le SweetLeaf. Partout sur les murs de l'établissement, une citation du critique "lifestyle" du New York Times, Oliver Strand: "The Baristas Know Coffee". Le café est bon, les hipsters entrent et sortent, ils portent à la main les "Afternoon Interviews" du sculpteur et auteur Marcel Duchamp, discutent en anglais de leur maîtrise du français. Ils tentent à leur manière d'échapper au paraître dont ils se sont fait les thuriféraires, y arrivent un peu. Je relirai Duchamp. 

 

 

S'ensuit la visite des berges de Queens, aménagées celles-là – nous aurions quelque chose à apprendre, chers candidats-maires montréalais – et en quelque sorte, sur-aménagées. Rappelant l'échec en devenir du bas-Griffintown, qui tente de reproduire à l'échelle low-cost la plate banlieusardise de ces quartiers trop élevés et trop peu vivants, un certain "Manifeste du vide" nous vient à l'esprit. Le développement économique, social, politique, ne peut souffrir de cette fiction du fixe, de cette construction désignant outrancièrement les lieux-dits, un mètre-carré par arbre, deux parcs à chien, une grande surface et trois Starbucks. Que tous ces "quartiers d'innovation" se le tiennent pour dit.

 

 

La soirée s'organise autour de lieux réamnéagés pour cette faune exigeante et connectée. L'hotel Wythe, son attique sous forme d'extension contemporaine servant à faire vivre ces murs déjà renouvelés pour la cause, offre une terrasse qui donne vue sur ce qui semble être le monde : une étendue d'immeubles incroyablement hauts, incroyablement divers, incroyablement beaux. C'est Manhattan, qu'on voit de près, au loin. 

 

 

Sur la terre ferme, des endroits comme la Brooklyn Brewery et le Radegast Hall bénéficient de ces étendues industrielles pour faire converger les esprits, les idées et les cultures entre eux. Nous rencontrons Caroline, une carolinienne en visite, et constatons que New York se situe à mi-chemin entre nos deux univers. Sur les murs extérieurs et intérieurs, des vestiges d'autres temps, des expressions d'une actualité intemporelle. Leurs graphismes ont fait le tour du monde ; ils ont alimenté notre propre identité graphique, et continueront à le faire pour des années encore. 

 

 

Brooklyn, c'est un peu tout ça. Des identités croisées, toutes excentriques, créant leur propre bruit. De cette diversité émerge presque une uniformité. Pourtant, ce bruit est nécessaire à faire ressortir l'originalité. Tout est beau, tous les magazines, toutes les façades, toutes les affiches reposent sur un concept. Un microcosme de cette immense masse critique, d'hyperramifications ponctuelles, un souci presque indécent du détail. Bravo, Brooklyn. Mais cool it, un peu.

 


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