Montréal, plateforme citoyenne
Je suis la directrice générale d’une OBNL, le Living Lab de Montréal, un laboratoire vivant pour la ville. Nous sommes le lieu où les citoyens, quels qu’ils soient, ont le goût et se sentent libres de venir nous voir pour comprendre et participer aux projets de la Ville.
Dans sa dimension citoyenne, l’espace politique a beaucoup à apporter au devenir de nos cités, surtout à l’heure actuelle. C’est ce que le Living Lab vise à démontrer, d’abord en favorisant une mobilité durable, puis en développant l’économie collaborative et en faisant participer les citoyens aux projets structurants en urbanisme.
Ces axes constituent le fondement d'une plateforme citoyenne pour notre ville, que nous souhaitons poser en véritable contributrice aux efforts de la future équipe à la Mairie de Montréal. À travers son engagement, le Living Lab souhaite devenir un interlocuteur privilégié pour le nouveau maire ou la nouvelle mairesse, pour rendre l’Hôtel de Ville plus ouvert et plus transparent, pour faire connaître et partager les projets de Montréal.
En effet, le Living Lab de Montréal s’est toujours entouré d’entrepreneurs, de scientifiques, de chercheurs, d’artistes, de gens d’affaires, de politiques et de citoyens, d’abord et avant tout. Nous travaillons autant avec les universités qu’avec le privé et le public.
Nous aimons les talents, les connaissances et les savoirs, comme l'ont montré f. & co et la Jeune Chambre de commerce de Montréal via l'initiative ID-JCCM. L’université a aussi besoin de ces centres de télé-travail pour disséminer ses expertises et assurer le développement économique.
Il y a une foule de Labs maintenant qui ne cherchent qu’à expérimenter, des Labs de Changement, des Labs de Fabrication (imprimantes 3D) et des Labs Vivants. Ils auraient tous beaucoup à contribuer dans ce projet.
Nous accueillerons le monde entier qui trouvera ici une inspiration recherchée partout.
Mobilité durable
Premier axe en importance, les transports. Les agences qui gèrent la dimension collective de la mobilité physique des biens et des personnes se doivent d’apprendre à mieux collaborer pour que les résidants du Grand Montréal puissent circuler librement et facilement d’une banlieue à l’autre et des banlieues vers la ville-centre.
Celle-ci devrait devenir une plateforme de communication plutôt qu’un centre monopolistique.
La technologie peut fournir de nombreux moyens, parmi lesquels on trouve le Planificateur de trajet régional multimodal, une application de Nord Ouvert suggérant des trajets et des moyens de transports multiples, alternatifs et variés.
Le Living Lab de Montréal a tenu deux TranspoCamps en 2011 et 2012, et a reçu de la part du public un message clair : utiliser les téléphones mobiles pour se déplacer et simplifier le paiement des tarifs de transport constituent deux axes majeurs de développement à court terme.
Notre ville est grande et n’a pas besoin de s’étendre à l’infini, mais de s’entendre avec ses environs, oui merci ! Une ville reconfigurée et évoluée. Trop de bureaucratie nous étouffe et nous fige.
Le prochain TranspoCamp 2013 aura lieu à Laval au début de novembre, en collaboration avec la Société de transport de Laval. Bienvenue à tous les Montréalais !
Économie collaborative
Dans un deuxième temps, l'économie. Nos quartiers se transforment et reflètent une économie émergente (E-180). Ici, à Montréal, naît une économie créative (MosaiC HEC Montréal), collaborative et participative (f. & co).
Nous n’avons pas l’esprit de Wall Street, rapace et fier de l’être, mais l’esprit coopératif, si recherché et même pratiqué avec brio par les Scandinaves et les Québécois.
C2-MTL a montré la voie en invitant ici de nombreuses têtes d'affiche et experts de la créativité et du commerce. Il s’agit maintenant de nous manifester de l’intérieur, d’exprimer Montréal dans son authenticité.
Le télétravail et les services en ligne changent le rôle que jouent les lieux physiques de travail. Comment allons-nous utiliser les immeubles à bureaux occupés maintenant à moins de 30 % de leur temps ?
Optimiser nos ressources pourrait peut-être dégager des richesses de manière rapide et efficace. Les banques, les gouvernements et les entreprises devraient se demander comment relocaliser les lieux de travail pour favoriser l’équilibre travail-famille, le travail d’équipe, le multitâche, les horaires flexibles, la gestion informatisée du personnel, etc.
Centres de télétravail et de co-travail
Enfin, notre rapport au travail. Le Living Lab travaille avec des partenaires basés à Montréal (CIRANO), à Strasbourg (Bureau-Mobile) et à Boston (NGIN Workplace) pour mettre en place un vaste projet structuré autour de la notion de télétravail / co-travail reposant sur la connectivité au réseau haute vitesse et une forme d'auto-gestion professionnelle misant sur un système de cartes d'accès et d'applications mobiles. Cette équipe pourrait devenir la première à réaliser un tel projet à aussi grande échelle. Il s'agit là d'une opportunité de développement économique en action.
Sous un tel système, les entreprises pourraient utiliser des bureaux inoccupés partout, autant en banlieue qu’au centre-ville, pour permettre à leurs employés de travailler plus près de leurs domiciles. Ainsi, ils ne seraient plus isolés à la maison mais travailleraient à proximité, dans leur quartier. Un plus pour l’économie locale.
Dans cet avenir pas trop lointain, les cartes d’accès et téléphones mobiles permettront aux gestionnaires de savoir où sont les membres de leur équipe, ce qu’ils font et quand, en plus de faciliter l'interaction avec eux.
Les entrepreneurs, les travailleurs autonomes et les pigistes trouveraient là aussi des lieux pour se connecter, travailler et communiquer lorsqu’ils sont en déplacement.
Les lieux seraient disponibles sur réservation, par abonnement ou sur demande selon qu’il s’agisse de télétravail ou de co-travail : un modèle de revenus plus robuste qui remplacerait ceux que nous voyons aujourd’hui invalidés par l’inoccupation des lieux et des ressources.
Aller voter, premier geste citoyen
Au lendemain des élections municipales du 3 novembre prochain, c’est le taux de participation qui aura gagné ou perdu. La prochaine équipe de la Mairie le sait bien.
Peu de vagues si les citoyens se désintéressent du vote, ou au contraire un vent de changement qui donnera de l’énergie au vainqueur.
C’est nous qui ferons la différence. Mais il faut voter. Un vote pour Montréal. Pour cette ville-État, son avenir et celui de tous ceux et celles qui la font vibrer.
Ce texte constitue une contribution visant à revenir sur la présentation de Louise Guay dans le cadre de la 4e édition de Creative Mornings Montréal, présenté le 30 août dernier au Centre Canadien d'Architecture.