L’École d’automne vue sous l’angle du « big data »
Le champ sémantique lié à la créativité est à première vue évident : innovation, art, expression, image, démarche… Ses acteurs sont connus, ses mécanismes aussi. Nous avons donc décidé de tenter (à nouveau!) l’expérience de capture des auto-déclarations en soumettant les « tweets » produits par l’École d’automne à une analyse de type « big data ».
En utilisant la plateforme NexaMaster produite par la société montréalaise Nexalogy, appliquée au 307 tweets formulés durant la période du 1er au 12 novembre sous le mot-clic #creasxb – c’est-à-dire dans le cadre de l’École d’automne en Management de la Créativité de Strasbourg –, nous avons pu réaliser quelques observations intéressantes. Assurément, un volume plus important aurait permis de tirer des enseignements d’autant plus riches, mais le milieu académique est lent à se mettre aux outils sociaux collaboratifs.
Il faut donc faire avec la matière qui nous est donnée.
Petite mise en garde
Il importe de signaler que l’auteur de ces lignes a été directement impliqué dans la production des contenus analysés. Le nombre de publication recensées fait émerger trois contributeurs majeurs (Raphaël Suire, Geneviève Dupuis, Francis Gosselin), trois contributeurs intermédiaires (Jean-Charles Caillez, f. & co et Nicolas Delcey) et enfin, 4 constituant le « middleground » interactif (l’École d’automne, Jean-Christophe Uhl, MosaiC et Marc Lehmann). Ce n'est donc pas à une "population complète", ni même à un "échantillon représentatif", mais prenons pour acquis que ces derniers ont fait oeuvre diligente pour rendre compte efficacement de l'expérience.
Aussi, sur les 307 tweets recensés, 113 ont été effectués durant la journée « théorique » du lundi, ce qui influence probablement les résultats vers des propositions davantage articulées et formalisées qu’un véritable livetweet pourrait le laisser entendre.
Un peu d'analyse
Nous partons de réglages de base : 200 mots, 10 co-occurrences « fréquentes » considérées pour chacun des termes.
Sur le plan terminologique, le concept central de notre analyse est évidemment la créativité. Autour de ce terme, les expressions liées à l’École d’automne elle-même. Une fois mis de côté ces éléments contextuels, on trouve les industries (créatives!), et la formule de Jean-Jacques Stréliski « la créativité n’est pas une descente, c’est un slalom! ».
Deux autres pôles forts se distinguent ensuite. En haut à droite, les idées s’entourent de folie, de travers, de créativité et de nouvelles. Elles sont évoquées comme autant de notions, de science, de monopole. Riches de la contribution de Patrick Cohendet et Laurent Simon, les idées sont capturées par des manifestes qui viennent ensuite les porter: « we shape our tools », écrivait McLuhan, « and thereafter they shape us ».
Au centre en haut, un ancrage territorial – la gare! – semble constituer un pôle également important de la semaine. Tous les projets innovants portés par l’opérateur s’y retrouvent en proximité : Seegmuller, TechMed, SEMIA, la manufacture de tabacs. Plus près encore, le Bastion et les notions de travail, de projets constituent le champ proche autour de la gare – figurativement et littéralement, pourrait-on dire.
Second constat, ce sont souvent les absents des médias sociaux qui y brillent le plus. Dans la représentation graphique de l’analyse sémantique, un certain nombre de pôles individuels se dégagent, notamment autour d’Armand Hatchuel (École des Mines), de Marc Dondey (Communauté Urbaine de Strasbourg) et de Jean-Jacques Stréliski (HEC Montréal) – ce dernier faisant exception à la règle par sa présence en-ligne (@jjstreliski). Notons toutefois que ce dernier n'a pas eu une présence virtuelle relative aussi importante que d'autres contributeurs pendant la semaine.
Autour d’Hatchuel, ce sont les idées – folles, notamment – qui prennent le haut du pavé. Le chercheur parisien est également mentionné autour des notions de rupture, d’inconnu, de désirabilité.
Fait intéressant, ce dernier se situe beaucoup plus près des expressions liées à l’innovation qu’à la créativité, correspondant assurément au profil de l’École des Mines où il est l’un des titulaires.
Sans surprise, le rapprochement entre Stréliski et l’École d’automne elle-même en est un d’intensité forte.
Autour dudit Jean-Jacques, la marque, le pitch, l’art constitue les concepts les plus prégnants.
En bon décideur public, Dondey quant à lui nous parle de fonctions, d’opérateurs, de numérique et de… Strasbourg !
Une analyse à prendre avec un grain de sel, vu les expressions limitées recueillies dans ce cadre. Assurément toutefois, quelques intuitions à saisir, au vol. Un outil à essayer dans d’autres contextes.
L’École d’automne, une affaire à suivre… en 2014 ?
[Image en entête : Studio 923a]