Guide du Montréal créatif: portraits subtils de la créativité montréalaise
Montréal créatif, c’est le Quartier des spectacles, l’impressionnante panoplie d’événements, le fourmillement des galeries d’art du Mile-End, l’éclectisme du paysage architectural ; c’est le multiculturalisme qui façonne l’identité hétéroclite de la ville. Montréal créatif ne s’arrête pas là ; la métropole recèle de mille et un trésors qui contribuent à son dynamisme culturel et créatif.
Voilà la mission que s’est donnée la maison d’édition Guides de voyage Ulysse avec son dernier-né en matière de guide de voyage, le Guide du Montréal Créatif. Capitale en la matière au Canada, Montréal se résume dans les 268 pages du guide où, quartier après quartier, on découvre la signification des œuvres artistiques qui embellissent la ville.
Plus qu’un recueil fournissant les parcours des différentes incarnations de la création montréalaise, le guide illustre, sur toile de fond historique, l’ensemble de la vie culturelle et sociocommunautaire des quartiers de la ville. L’instant d’un trajet sur le Plateau, le lecteur se mêle à la faune locale de la rue Saint-Denis, goûtant momentanément l’art de vivre façon Montréal.
De tout pour tous
Le guide s’adresse autant aux touristes assoiffés de créativité fraîchement débarqués en ville qu’aux locaux qui en profiteront pour en apprendre davantage sur leur voisinage. L’héritage des créateurs de Montréal est révélé en toute simplicité au fil des chapitres. Laissez-vous interpeller par la statue massive d’un homme recroquevillé sur lui-même – ce « malheureux magnifique » – coin Sherbrooke et Saint-Denis, soulevant l’interrogation des passants, ou par la photographie murale faisant la fierté du pavillon de génie de l’université Concordia, dont l’histoire échappe encore aux étudiants.
Le guide explore les visages artistiques montréalais en six catégories : les arts numériques, l’art public, les arts visuels, les arts de la scène, le design et la musique. Sous la plume du journaliste Jérôme Delgado, les dix parcours proposés permettent de sillonner 26 quartiers en une journée au plus. Le photographe Denis Farley complémente les textes de ses photographies harmonisant l’ensemble de l’ouvrage.
Photo : Denis Farley
Formule créative
Le format, adoptant une formule en parcours schématisé d’icônes thématiques, se veut convivial pour le Montréalais d’origine comme pour celui d’adoption passagère. Un septième icône pour la gastronomie aurait permis d'agrémenter les itinéraires suggérés, étant l’une des grandes cartes de visite de Montréal. Bien que les bonnes adresses soient répertoriées tout au long des circuits, l’art de la table se mériterait une vitrine distinctive.
Les aficionados du tout créatif sont invités à découvrir le Mile-End pour ses galeries d’art (classées cinq étoiles par Ulysse), le Quartier international et le Vieux Montréal pour une offre aussi variée en design qu’en arts numériques et le Quartier des spectacles pour son foisonnement en arts visuels. Les arrondissements traditionnellement moins courus pour leurs lieux de création ne sont pas négligés pour autant. Le lecteur sera sans doute étonné d’apprendre que HoMa n’a rien à envier aux grands centres culturels de la ville au niveau de l’art public.
Des oublis
Les brefs clins d’œil aux industries créatives moins en vue du public mais bien enracinées à Montréal nous ont toutefois laissé sur notre faim. Notamment, l’industrie des jeux vidéo, dont la métropole héberge le cluster le plus imposant en Amérique du Nord ou encore l’industrie effervescente de la publicité. Les réalisations en architecture et design, peu développées outre dans le chapitre consacré au Vieux-Montréal, pourraient enrichir une seconde édition. Sacrée Ville UNESCO de design, Montréal a une architecture mixte bien à elle lui conférant un charme atypique. Grande oubliée du guide, l’industrie de la mode et du vêtement pourrait être mise en valeur par un signalement des boutiques des designers montréalais au long des trajets.
En tout et pour tout, ces itinéraires par quartier permettent de goûter la créativité montréalaise certes, mais aussi l’énorme diversité socio-culturelle nourrissant l’esprit des créateurs. L’accent est davantage mis sur les œuvres artistiques proprement dites, délaissant à l’occasion les autres disciplines créatives. Le guide tend plutôt vers un portrait du Montréal vu par les arts, négligeant du même fait tout un pan de cette créativité montréalaise qui passe par la recherche et la promotion de l’industrie inhérente de ses créateurs. À ce titre, on peut déplorer qu’aucune autorité en la matière ne semble avoir été consultée : Infopresse, C2-MTL, MosaiC, l’AAPQ…
Somme toute, le guide répertorie avec minutie la création actuelle sur le territoire urbain, permettant aux locaux de se réapproprier Montréal. Cela permettra assurément aux intéressés de prendre conscience des besoins en matière de créativité de certains quartiers. Peut-être en découlera-t-il une diversification de l’offre hors des artères centrales du Mile-End, du Plateau et du Quartier Latin ? On peut le souhaiter, et du même coup, souhaiter un succès créatif aux Guides Ulysse dans cette nouvelle voie.