Museomix : l’open science au service de la culture muséale
La 3e édition de Museomix a eu lieu le weekend dernier en Europe et pour la première fois en Amérique du Nord, à Québec. J’ai eu la chance d’assister à cette première au Musée de la civilisation du Québec au sein de l’équipe éditoriale. Durant ces trois jours, près de 80 participants (« museomixeurs ») et plus d’une 40 de personnes en soutien ont collaboré pour créer de nouvelles manières de vivre ce grand musée.
Véritable mouvement, inspiré par la culture de l’open source, l’idée soutenant Museomix est née en France (« People make museums ») en 2011. L’objectif était simple: réunir pendant trois jours des passionnés de leur métier afin d’offrir une nouvelle approche pour les expositions de musées. Bref, permettre à des geeks et des amoureux de la culture de collaborer pour amener les musées à défier les conventions de leur quotidien.
Ainsi, de la formation des équipes le vendredi matin à l’ouverture au public le dimanche soir pour « tester » les prototypes, un véritable cataclysme créatif a secoué le Musée de la civilisation. Il faut souligner que le Musée a mis à la disposition des participants les ateliers de menuiserie, de muséologie, et des stocks innombrables de projecteurs, ordinateurs et d’écrans. Nous avions ainsi accès à des endroits normalement interdits au public.
En bon geek qui se respecte, j’avoue avoir été un peu trop souvent dans le fablab. On y trouvait une imprimante 3D, une imprimante laser (pour graver, marquer et découper), des scanners 3D (fournis par la société québécoise Créaform), des tablettes, des leap motion, des dispositifs Kinect, des raspberry pi, etc. et une armée de développeurs / graphistes. Bref, un paradis pour les geeks/makers.
Le résultat fut fascinant à plusieurs égards. Le Musée avait choisi dix terrains sur lesquels les muséomixeurs pouvaient collaborer. À la fin des trois jours, nous avons pu découvrir onze prototypes tous plus ingénieux les uns que les autres. J’ai personnellement préféré les projets portant sur la censure, les dispositifs pour rendre une des expositions accessible aux non-voyants et (je sais, je suis un peu biaisé) une autre portant sur le cinéma d’animation.
Au delà des livrables et des concepts, je me sens privilégié d’avoir pu assister à ce laboratoire vivant où j’ai vu se former des équipes multidisciplinaires devenir performantes en moins de trois jours. Je ne pouvais que constater malgré la pression du temps, le formidable enthousiasme des participants mais également des employés du Musée dans cet exercice de co-création.
De tels événements – qu'il s'agisse de museomix ou de hackathons – nous forcent à réfléchir et à nous inspirer pour à notre tour « remixer » nos organisations. Les résultats positifs d’un point de vue de la création de produits, de la collaboration, de la remise en question des modèles ou principes établis, sont d’autant de preuves que nos équipes, nos organisations ont besoin de ces moments de remise à zéro.
Merci Museomix Québec pour ce magnifique week-end. J’espère réellement que plusieurs musées dans la belle province organisent un museomix en novembre 2014 afin que, comme l’a dit Ana-Laura Baz du Musée de la civilisation du Québec en plénière de cloture, nous puissions favoriser l’intégration du numérique dans la culture.
Ce texte est le fruit d'une collaboration extraordinaire avec Matthieu Stréliski. Matthieu est directeur, développement des plateformes, à l'Office National du Film du Canada.